Rédigé le
25 février 2016
Newsletter ORS NPDC n°2
Avec cette deuxième newsletter, nous poursuivons notre état des lieux des questions soulevées à la suite de la fusion des régions Nord – Pas-de-Calais et Picardie. Au menu de ce numéro, un bilan de l’état de santé de la population de la nouvelle région. Il a recours à l’analyse de trois indicateurs, fiables, issus du traitement des statistiques de décès produites par les services de l’INSERM : la mortalité toutes causes, c’est-à-dire globale, la mortalité prématurée évitable par des actions sur le système de soins et enfin la mortalité prématurée évitable par des actions sur les comportements à risque, c’est-à-dire la mortalité censée relever de la prévention.
La population du Nord-Pas-de-Calais – Picardie fait preuve depuis les années 50 d’un état de santé médiocre, inférieur à celui du reste de la France. La mortalité est élevée, la plus importante de France. Cette réalité est relativement homogène sur l’ensemble du territoire régional. La surmortalité y est 30 % supérieure à la moyenne française et 45 % plus importante que celle de l’Île-de-France. La nouvelle grande région se place ainsi loin derrière les autres régions septentrionales : la Normandie (15 % de surmortalité), la Bretagne (19 % de surmortalité) ou encore la Bourgogne – Franche-Comté (25 % de surmortalité). À noter, les écarts infrarégionaux entre territoires sont bien moins marqués dans le Nord-Pas-de-Calais – Picardie que dans les régions Bretagne, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente ou encore Provence-Alpes-Côte d’Azur. Autrement dit, la dégradation de l’état de santé se manifeste partout, elle est plutôt homogène.
Au sein de la nouvelle région, de grands écarts sont à noter. Les territoires (il s’agit ici de zones d’emploi) du sud de la région, proches de l’Île-de-France, présentent des indicateurs moins élevés. La population de l’Oise tire son épingle du jeu avec 3 zones d’emploi dans les 4 les mieux placées. Il s’agit de Beauvais (8,6 % de surmortalité), Compiègne (11,5 % de surmortalité) et Soissons (13,5 % de surmortalité). Elles précèdent Lille (16,7 % de surmortalité). Deux zones picardes figurent dans les dix dernières du classement de la nouvelle région : Saint-Quentin (38,5 % de surmortalité) et la Thiérache (48,1 % de surmortalité), qui précèdent Valenciennes (54 % de surmortalité) et Lens-Hénin (64 % de surmortalité) en bas de tableau tant pour la région que pour l’ensemble de la France.
Lille (16,7 % de surmortalité), la moins touchée après la zone Flandre intérieure, connait une surmortalité de près de 17 % supérieure à la moyenne française, ce qui est exceptionnellement élevé pour une capitale régionale. La mortalité y est de 4 points plus élevée que celle de Menton et de 38 points plus forte que celle de Marne-la-Vallée (78).
Méthodologie ICM :
Pour mémoire, l’Indice Comparatif de Mortalité (ICM) permet, parmi d’autres indicateurs, d’estimer au mieux la mortalité d’une population. L’ICM est le rapport entre un nombre de décès enregistrés, que l’on qualifie de décès observés, à un nombre de décès attendus dans cette même population si elle avait eu les mêmes taux de décès par classes d’âges qu’une autre population retenue comme référence. L’ICM se calcule donc en divisant le nombre de décès observés par le nombre de décès attendus si la structure de la mortalité avait été la même que celle de l’autre population, le tout étant enfin multiplié par 100, afin d’obtenir un indice de référence de valeur 100 plus aisé à comprendre. Aussi, on comprendra qu’un ICM égal à 100 indique une mortalité égale à celle de la France, qu’un ICM 65 indique une sous-mortalité de l’ordre de 35 % inférieure à la mortalité moyenne de la population française à la même époque et qu’un ICM 124 rapporte une mortalité de 24 % supérieure à la mortalité nationale.
Région | Mortalité prématurée toutes causes 2009 – 2012 (France métropolitaine = 100) |
Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine | 102,3 |
Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes | 99,8 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 89,5 |
Bourgogne-Franche-Comté | 104,6 |
Bretagne | 111,5 |
Centre-Val de Loire | 103,0 |
Corse | 95,0 |
Île-de-France | 86,6 |
Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées | 95,0 |
Nord-Pas-de-Calais-Picardie | 130,2 |
Normandie | 114,1 |
Pays de la Loire | 97,1 |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 94,9 |
Source : INSERM-CépiDc. Traitement ORS Nord – Pas-de-Calais.
Classement des zones d’emploi par ordre alphabétique :
Zone d’emploi | Mortalité prématurée toutes causes 2009-2012 (France métropolitaine = 100) |
Abbeville | 126,26 |
Amiens | 125,91 |
Arras | 124,11 |
Beauvais | 108,62 |
Berck – Montreuil | 141,34 |
Béthune – Bruay | 146,03 |
Boulogne-sur-Mer | 140,74 |
Calais | 138,09 |
Cambrai | 145,75 |
Château-Thierry | 117,49 |
Compiègne | 111,57 |
Douai | 143,60 |
Dunkerque | 137,84 |
Flandre – Lys | 110,16 |
Laon | 121,40 |
Lens – Hénin | 163,99 |
Lille | 116,69 |
Maubeuge | 143,76 |
Péronne | 135,87 |
Roubaix – Tourcoing | 119,49 |
Saint-Omer | 128,39 |
Saint-Quentin | 138,47 |
Soissons | 113,57 |
Tergnier | 128,63 |
Thiérache | 148,12 |
Valenciennes | 153,97 |
Vallée de la Bresle – Vimeu | 130,47 |
Source : INSERM-CépiDc. Traitement ORS Nord – Pas-de-Calais.
Classement des zones d’emploi par ordre croissant de mortalité :
Zone d’emploi | Mortalité prématurée toutes causes 2009-2012 (France métropolitaine = 100) |
Beauvais | 108,62 |
Flandre – Lys | 110,16 |
Compiègne | 111,57 |
Soissons | 113,57 |
Lille | 116,69 |
Château-Thierry | 117,49 |
Roubaix – Tourcoing | 119,49 |
Laon | 121,40 |
Arras | 124,11 |
Amiens | 125,91 |
Abbeville | 126,26 |
Saint-Omer | 128,39 |
Tergnier | 128,63 |
Vallée de la Bresle – Vimeu | 130,47 |
Péronne | 135,87 |
Dunkerque | 137,84 |
Calais | 138,09 |
Saint-Quentin | 138,47 |
Boulogne-sur-Mer | 140,74 |
Berck – Montreuil | 141,34 |
Douai | 143,60 |
Maubeuge | 143,76 |
Cambrai | 145,75 |
Béthune – Bruay | 146,03 |
Thiérache | 148,12 |
Valenciennes | 153,97 |
Lens – Hénin | 163,99 |
Source : INSERM-CépiDc. Traitement ORS Nord – Pas-de-Calais.
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